Solières
Habitat groupé
2007







Le projet d’habitat groupé de Solières débute avec l’achat par trois couples en 2001 de 1,5 hectare de terre à bâtir et de 27 hectares de forêt et carrière attenants. L’objectif partagé est double : construire de la manière la plus respectueuse de l’environnement possible (en utilisant notamment le bois, les pierres, l’argile du terrain en auto-construction) et poser autrement les questions du partage de la propriété́ en faisant vivre ensemble le lieu et des projets de vie partagés. Les jardins privatifs sont réduits, des espaces semi-publics sont dessinés, et des principes pour favoriser la participation active de chacun à la gestion du commun sont établis.

Il s’agit non seulement de revisiter la structure juridique de la propriété́ privée, mais aussi de se saisir de l’imaginaire poétique de l’habitation. Chacune des maisons est dessinée en fonction des implantations, des matériaux disponibles et des êtres destinés à l’habiter. Toutes ont ainsi une physionomie qui leur est propre. Autour de la clairière s’installe un ensemble de constructions faites comme deux mains qui se referment pour protéger l’intériorité́ du foyer. Un groupe de plusieurs maisons est constitué de masses parallélépipédiques creusées, dialoguant les unes avec les autres au travers de leurs volumes et des échappées qui les traversent. Une autre encore est faite de deux tours formées de troncs d’arbres dont les cimes sont réunies au sommet. L’ambition était de construire une architecture qui soit la conséquence visible d’une démarche écologique, sociale et culturelle globale.

Le projet a été jugé inacceptable par l’administration et s’est heurté à l’opposition de quelques voisins déterminés à le faire échouer. Au terme de près de dix années de procédures au conseil d’état et de tentatives de déstabilisation, l’habitat groupé a finalement pu être construit, mais sous des formes bien différentes du dessin originaire. Il ne reste alors plus qu’une famille du projet fondateur.

Le projet finalement réalisé́ résulte de l’application des règles dictées au fur et à mesure de la procédure par l’administration communale. L’alignement sur rue est imposé en dépit des orientations solaires, les formes sont contraintes dans des volumes sur plan rectangulaire et couverts par des toitures à deux versants, les hauteurs à l’égout sont figées. Quatre maisons s’installent en longueur parallèlement à la rue, deux en tête perpendiculairement pour dessiner l’espace partagé, et trois autres s’implantent plus loin en lisière de la forêt. Le bardage bois est autorisé sur les murs mais l’ardoise est imposée pour les couvertures. La seule marge laissée à l’interprétation de l’architecte reste les annexes : de petites boites surmontées d’une toiture à un pan. Celles-ci sont utilisées pour redonner de la vie aux alignements arbitraires, pour dessiner des intimités sur les jardins, et redonner des orientations solaires cohérentes en dépit des implantations défavorables. Ces volumes annexes rythment les façades sur rue comme sur le jardin et singularisent chacune des maisons. Les exigences originaires en termes d’écologie de la construction sont maintenues : utilisation des ressources naturelles du site (pierre, bois, argile du terrain, paille locale), économie dans la gestion de l’eau et des énergies (bioclimatisme, solaire passif, hautes performances...). Le commun abrite constructions diverses, jardin, verger et poulaillers, et produit le bois de chauffage pour l’ensemble des familles.


Auteur de projet : Emeric Marchal, Eric Furnémont
Ingénieur stabilité technique spéciale : Olivier Marchal
Collaborateurs : Jean-Michel Hubert, Marie Martinus, Anne-Catherine Limbort, Tonin Tricot
Entrepreneurs : auto-construction, Timsonet, Charpenterie Seleck, menuiserie J. Nandrin, Couverture Hougardy
Situation : rue du Puits à la Sarte à Ben à Huy






Atelier d’architecture iO

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